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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/151

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

de la détester, lui reprochait de ne payer que d’ingratitude tant d’amour, tant de soins, tant de dévouement qu’il avait reçus d’elle depuis son enfance. Son caprice lui semblait le plus noir des crimes. Positivement, elle l’exécrait lorsqu’elle vint à table et qu’elle essaya de manger.

La phase aiguë de son état ne dura qu’une nuit. Vers le matin luisait en elle cet espoir des mères qui réussit à s’édifier si merveilleusement sur les plus fragiles illusions. Opposant la jeunesse, la fraîcheur de Marc à l’évidente maturité, pour ne pas dire plus, de sa prétendue séductrice, il lui plaisait de s’assurer qu’une intrigue entre eux eût été de tout point trop extravagante pour pouvoir un jour se former. D’ailleurs, cette femme avait bon genre, paraissait sérieuse, s’abstenait d’attirer les regards sur elle. De quel droit lui prêter des intentions louches ? Supposé même que sa conduite fût irrégulière, qu’elle eût un amant, mille faiblesses, irait-elle s’enticher d’un gamin quelconque rencontré dans une salle du Sémiramis ? La raison la plus stricte inspirait Hélène, que ne guidait, au demeurant, aucune expérience du jeu tourmenté des passions. Ses soupçons de la veille lui paraissaient fous. Cependant, il restait le plaisir certain, la diligence embarrassée dont témoignait Marc lorsqu’il pilotait cette danseuse. Pas une autre, à coup sûr, n’exerçait sur lui une influence ou comparable, ou même analogue. Comment expliquer un tel trouble ? La complaisance déterminée qu’employait Hélène à rendre à son cœur