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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

modes. Tu comprends qu’à mon âge c’était ridicule. Je suis une jeune femme, mon chéri ! Si j’avais conservé ma défroque sérieuse, je me demande, à cinquante ans, ce que j’aurais mis, comment j’aurais pu m’affubler. C’est, je crois, le milieu du Sémiramis qui m’a donné sur la toilette des vues raisonnables. Je sais bien, tu te dis : « Mère en reviendra ! Pour le moment, c’est l’enthousiasme. Attendons un peu. » Les vieilles habitudes ? Oui, sans doute ! Pourtant, vois-tu, quand les nouvelles vous sont agréables, on oublie rapidement jusqu’aux traces des vieilles. Et puis, suppose que je regrette, qu’en aurais-je de plus ? J’ai vendu, ces jours-ci, tous mes rossignols !

Son beau-fils l’écoutait avec étonnement. Elle le saisit par un poignet.

— Viens voir mes trésors !

Marc dut courir sur ses talons, entraîné par elle, aspiré, confisqué par le tourbillon que propageait hors de son être une seconde jeunesse. Un rayon de soleil éclairait la chambre. Ce fut assez pour que, des robes tirées d’une armoire et présentées les épaulettes sur des arcs de buis, les couleurs délicates prissent de l’agrément. Disposant le long d’elle ces fragiles toilettes, afin que Marc pût apprécier avec quel bonheur elles s’harmonisaient à son teint, Hélène les montrait une par une, d’un air timide et satisfait, modeste et charmé. Un léger tremblement agitait ses doigts et l’émotion lui contractait à tel point la gorge qu’elle ne pouvait dire un seul mot. Après avoir longtemps vécu