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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

mois plus tôt, les avait opposés à l’Amirauté, se repentit de sa violence à cette occasion et se reconnut tous les torts. Le sujet valait-il une si chaude querelle ? Quelle fantaisie l’avait poussée à nier l’évidence en faveur de l’ingrat qu’était son beau-fils ? Que le talent de celui-ci fût ou non goûté, elle ne s’en souciait vraiment plus ! Aussi bien, qu’il fit donc ce qu’il lui plaisait ! Si sa nature était grossière, ses appétits bas, sa personne à son aise dans l’avilissement, après avoir, pour l’amender, tout donné d’elle-même, allait-elle s’épuiser à poursuivre une tâche vouée d’avance à l’échec et au ridicule ? N’était-il pas, pour une jeune femme, de buts plus gracieux que le salut d’un libertin, doublé d’un cœur sec, qui n’était pas même son enfant ? Ces derniers mots, qu’elle se disait pour la première fois sans éveiller dans sa poitrine un regret confus, l’aidaient à prendre son parti d’une situation malgré tout humiliante pour son amour-propre. Ils lui servaient à placer Marc au rang d’un pupille dont les écarts en apparence les plus outrageants manquaient de pointe pour la blesser avec profondeur. Dans les baisers qu’elle lui donnait, et qu’elle voulait froids, dans les regards indifférents qu’elle posait sur lui, leur intervention s’exerçait. Elle qui, jadis, entre leurs goûts et leurs caractères, recherchait fiévreusement des similitudes mettait la même avidité, depuis l’enterrement, à en noter les disparates et les distinctions.

Tant que son père fut auprès d’elle, cette humeur