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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

dura. Puis, subitement, demeurée seule, en l’espace d’un jour et à une allure d’invasion, elle sentit revenir toutes ses inquiétudes. Les cours de Droit avaient repris leur cadence normale et, comme d’ailleurs il le faisait l’année précédente, Marc s’absentait matin et soir pour y assister. Hélène, de qui le détachement était surtout dû à l’assurance que le grand deuil suspendait pour lui les plaisirs équivoques du Sémiramis, se mit en tête qu’il profitait de sa liberté pour rencontrer, savait-elle où, Mme Aliscan. Sa présomption ne reposait sur rien d’effectif, mais elle voyait à son beau-fils une figure paisible et se disait que si l’intrigue à peine ébauchée avait été interrompue par les circonstances elle l’aurait bien lu sur ses traits. Deux ou trois fois, elle se promit d’interroger Marc. Mais sa présence lui retirait toute espèce d’audace et, au moment d’articuler une première question, sa langue se glaçait dans sa bouche. Ce qu’elle tenait pour un devoir des plus rigoureux lui causait toute la gêne d’une indiscrétion. Elle redoutait d’être accueillie soit avec froideur, soit, pis encore, avec bravoure et impertinence et sentait bien que le moindre air de désinvolture l’aurait confondue sur-le-champ. Puis, qu’eût-ce été si le jeune homme s’était mis à nier ? Ou ses soupçons, reconnus vains, lui auraient fait honte, ou, faute de preuves, elle aurait dû, sûre d’être abusée, prendre son parti d’un mensonge. Pouvait-on concevoir position plus sotte ?

Pendant qu’ainsi, fiévreuse et lâche, elle tergi-