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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

giraient d’avoir pour bru une libre-penseuse. Que de maisons pourraient ainsi lui être fermées ! Un peu de complaisance de votre part entretiendrait Marie-Thérèse dans les vieux principes et suffirait à l’éloigner d’épreuves fort pénibles. Je ne vous demande pas votre conversion, mais un sacrifice aux usages.

Hélène avait laissé couler sans interruption l’exposé de conscience fait par son mari. Lorsqu’il se tut, un peu gêné de ce long discours qui dérogeait singulièrement à ses habitudes :

— Mais, Michel, les enfants sont-ils donc des monstres ? lui demanda-t-elle légèrement. À vous entendre, on pourrait croire que je les néglige, ou, qui pis est, que je les gâte, qu’ils me font tourner, que je leur inculque une morale…

— Vous m’avez compris, dit Michel. À Dieu ne plaise que j’aventure la moindre critique sur l’éducation qu’ils reçoivent ! Ils sont conduits supérieurement… mais comme des païens.

— Plaignez-vous ! jeta-t-elle de sa belle voix gaie. Plaignez-vous, Marc a fait sa première communion, Marie-Thérèse est baptisée et fera la sienne, tout cela par égard pour vos sentiments. Plus d’une autre, à ma place, s’en fût moins souciée ! Car, enfin, reprit-elle en dressant la tête, vous m’avez toujours laissée libre !

— J’ai toujours eu confiance en vous, répartit Michel. Une femme plus droite, plus consciencieuse, plus intelligente, j’aurais pu la chercher autour de la terre sans jamais trouver son fantôme.