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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

C’est pourquoi, plus je vais, plus je réfléchis, moins je m’explique certains détails de votre conduite. Tenez, prenons Marc, par exemple ! L’enfant sortait de mains chrétiennes quand vous l’avez eu. Vous aurait-il coûté beaucoup, même ne croyant pas, de continuer à le nourrir dans une religion qui est, malgré vous, celle des nôtres ?

— J’ai essayé, fit la jeune femme d’un accent rêveur.

Son mari parut incrédule.

— Oh ! pas longtemps ! corrigea-t-elle. Pas longtemps, c’est vrai ! Juste assez, mon ami, pour m’apercevoir qu’à présenter ce que je tiens pour des billevesées comme des vérités essentielles, je perdais simplement toute ma dignité. Ne joue pas qui veut d’une doctrine ! C’est affaire d’équilibre et de complexion. L’acte de foi peut humilier quand il n’enflamme pas.

— Cependant, fit Michel, dans de jeunes natures…

— Si vous saviez, reprit Hélène riant à pleine gorge, comme une bonne punition est meilleure que Dieu pour tenir un enfant dans l’obéissance ! Regardez donc Marie-Thérèse, comme elle est tranquille ! Tout à l’heure, quand son frère l’a plongée dans l’eau, nous l’avons à peine entendue. Si, au lieu de la peur d’une solide râclée, elle avait eu simplement celle d’attrister son ange ou de faire pleurer la Sainte Vierge, supposez-vous qu’elle nous aurait épargné ses cris ?

— Ceci n’est pas un argument ! observa Michel