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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

peu jouir ! Le soir même l’impatience la gagnait déjà. Le jour suivant, au déjeuner, elle observait Marc et ne pouvait, sans ressentir un profond malaise, subir l’idée qu’à son départ pour l’École de Droit, qui s’était produit vers neuf heures, des policiers lancés par elle l’avaient espionné. Jamais encore, sur son visage, dans sa manière d’être, elle n’avait vu se refléter autant d’insouciance, dans ses regards briller le feu d’une jeunesse plus chaste, et elle mettait de la passion à se persuader que la mesure qu’elle avait prise était superflue. Cependant, le rapport lui serait précieux. Jusqu’au rapport, elle savait trop qu’elle dormirait mal et qu’au plus doux de sa confiance de cruels soupçons viendraient constamment l’ébranler. Nulle impression n’était de force à détruire en elle le baiser sur l’épaule du Sémiramis. Faisant la part de l’âge de Marc et de l’entraînement, elle admettait que ce pût être une de ces folies qui n’ont pratiquement aucune suite, mais refusait de s’en donner la moindre assurance avant d’y être autorisée par un témoignage. Cinq journées s’écoulèrent dans une vaine attente. Hélène, sur des charbons, ne sortait plus, guettait, aux heures où se faisaient les distributions, le coup de sonnette du concierge et, entre temps, se fatiguait à conjecturer tantôt la cause de ce délai, pour elle anormal, tantôt le mot même de l’enquête. Elle écrivit pour demander qu’on pressât celle-ci. Mais, répugnant à ce que l’homme de la rue Vignon eût dans les mains sa signature au bas d’un rap-