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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

pel, sur le point de jeter sa lettre à la poste, elle la déchira toute timbrée.

Le sixième jour, dans la soirée, le rapport parvint. Son texte occupait trois grandes pages. Avant même de le lire, rien qu’à sa longueur, Hélène comprit que ses alarmes avaient une raison, qu’au résultat d’une surveillance vraiment inutile on n’aurait consacré qu’un bien moindre espace. Ses yeux, d’abord, le parcoururent en sautant des lignes. Dès qu’il semblait lui apporter une révélation, elle glissait rapidement sur le paragraphe où palpitait, vêtue de mots, cette ombre effrayante. Puis, délibérément, phrase après phrase, elle prit connaissance de l’ensemble. Alors ses mains, déjà toutes moites, se mirent à trembler et, à mesure qu’elle progressait, respirant à peine, elle sentait que son dos se refroidissait.

Rien n’était ambigu dans l’ignoble écrit. Trois jours plus tôt, et la veille même à deux heures moins vingt, Marc s’était dirigé, par telle et telle rue, vers une maison du petit square de Latour-Maubourg. On l’avait vu s’y arrêter au troisième étage et pénétrer chez une dame veuve du nom d’Aliscan. Il en était, chaque fois, sorti peu après quatre heures pour rentrer rue Vaneau par un omnibus. Une personne de confiance, habilement sondée, avait donné pour habituelles, depuis plus d’un mois, ces visites du jeune homme dans l’après-midi. La locataire le recevait en déshabillé. On tenait pour certain qu’elle fût sa maîtresse.

La face d’Hélène, à cet endroit, prit une telle