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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Elle calculait avec bonheur l’effet saisissant que produirait sur la passion de l’écervelé une révélation si formelle.

Cependant, il fallait y trouver prétexte. Des jours durant, l’esprit d’Hélène n’eut d’autre ambition que d’enfermer le renseignement qu’elle voulait fournir dans un fait habilement provoqué par elle et qui pût sembler tout fortuit. Après avoir consciencieusement étudié dix plans, elle tenta, pour finir, d’en dégager un et s’aperçut que le moins fou restait insensé. Mille obstacles empêchaient son exécution. N’allait-il pas jusqu’à prévoir des complicités dans la famille de la personne qu’elle brûlait d’atteindre et son entourage immédiat ? Alors la chance qui rayonnait s’obscurcit d’un coup et, de nouveau, le désespoir s’empara d’Hélène. Cette fois-ci, non plus lâche, mais presque furieux. Se sentant sur la voie d’un succès prochain, elle enrageait d’être arrêtée dans sa progression par un accident matériel. C’était comme si, voyant enfin triompher sa cause d’appétits présomptueux sur un héritage, elle ne pouvait, faute d’un papier, toucher cette fortune. À quoi bon la prudence et les ménagements ? Ce qui n’était qu’une prétention devenant un droit, toute espèce de tactique lui parut indigne et toute précaution dégradante. Payer d’audace, intimider, désarmer sans lutte, telle était la tendance de son caractère, et n’était-ce pas la seule méthode vraiment honorable ? Quel égarement l’avait conduite à des tentatives dont elle rougissait aujourd’hui ?