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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

langueur qui suit la chute de l’exaltation suffisait en partie à les expliquer. À tout propos, et férocement, d’un œil sombre et sec, il recherchait sur sa maîtresse les empreintes de l’âge. Près des paupières, le plus souvent, et autour du cou. Sa naïveté les lui cachait où régnaient les fards, de même qu’aux boucles, adroitement teintes, précieusement coiffées, il voyait l’or sans reconnaître à certaines nuances la triste couleur qu’il couvrait. Mais les deux points où les tissus, plus flétris qu’ailleurs, ne recevaient de l’artifice qu’un modique secours lui gâtaient bien assez Mme Aliscan. Il en vint, auprès d’elle, à compter ses rides.

Bientôt naquit de ce début d’éloignement physique une contrariété d’amour-propre. La liaison qui, dans sa fleur, l’avait tant flatté, sans cause réelle, car, pratiquement, du plus vif au moindre, elle avait conservé tous ses attributs, lui devint un sujet d’humiliation. La même femme lui faisait les mêmes compliments, les mêmes caresses lui témoignaient une idolâtrie que chaque rencontre, on pourrait dire avec assurance que chaque sacrifice accentuait et, justement, c’était des soins ainsi prodigués qu’il tirait la matière de son amertume. Y prenant du plaisir, mais s’en infatuant, il déplorait que des mérites à la taille des siens n’eussent pas trouvé pour les servir une prêtresse plus digne. Cette matrone l’offusquait par ses prétentions. Délicats, passionnés, si variés qu’ils fussent, par les baisers industrieux de sa bouche fanée, elle déshonorait sa jeune peau. « Jolie paire