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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

suspect, un simple signe aurait pu suffire à l’éloigner d’elle complètement. Ç’aurait été la maladresse qui provoque l’orgueil, vous rend cher l’égarement qu’elle voudrait combattre et vous jette plus avant dans la voie mauvaise. Peu à peu, au contraire, il se rapprocha. Trop jeune encore pour triompher par ses seuls moyens de sa déception amoureuse, il lui fallait, dans cette épreuve, à défaut d’un cœur, une épaule sur laquelle il pût s’appuyer. L’abri jugé plus séduisant, reconnu précaire, le rendait à l’abri qu’il savait certain. Auprès d’Hélène, il respirait bien-être et confiance et regagnait son équilibre un instant perdu. C’est la fable éternelle de l’enfant prodigue. Mais l’homme a seul, dans ses erreurs, la simplicité de la conduire naturellement à sa conclusion. Un amour-propre mal compris en dissuade la femme.

Lorsque Hélène, empressée à saisir les traits qui dénonçaient chez son beau-fils le moindre amendement, le vit quitter son air maussade pour s’ouvrir un peu, il lui parut que le désert de son existence recevait un souffle embaumé. L’âpre horizon s’en éclaircit, de vieilles graines germèrent, toute espèce de verdures y naquirent bientôt. Un grand élan de gratitude la porta vers Marc, comme si c’était à sa personne et sur ses instances qu’il commençait à sacrifier son affreuse maîtresse, et tout son être, ordinairement d’une chaleur moins vive, n’eut plus d’autre ambition que de l’épauler. Depuis longtemps, car, même jeune fille, comme nous l’avons vu, elle ne rencon-