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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/195

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

grosses lampes, ses sentiments se fortifièrent lorsqu’elle eût vu Marc, après un geste d’impatience vite interrompu, s’emparer de la lettre et la parcourir. Quelle magnifique indifférence exprimaient ses yeux ! Comme on sentait dans le pli dur qu’avait pris sa bouche le commencement d’irritation d’un homme excédé ! Puis, quel regard reçut Hélène, plein de quelle douceur, à la fois timide et confiant, empreint de gêne et d’affection presque au même degré, craintif si l’on veut, mais sans fièvre, quand la dépêche, enfin réduite à une boule menue, eût été distraitement envoyée dans l’âtre ! Quoi de plus éloquent que de pareils signes ? Si elle n’avait appréhendé qu’il ne lût en elle, saisissant Marc par les poignets en manière de jeu, la jeune femme l’aurait embrassé. Son intention se révéla par une moue des lèvres qu’elle sut cacher derrière sa main étendue à temps dans la zone de pénombre où baignait sa face et que son beau-fils ne put voir. À compter de cette heure, elle ne douta plus. Quatre ou cinq pneumatiques arrivèrent encore, puis, coup sur coup, il en vint doux dans la même journée, le second précédant une importante lettre. Hélène suivait avec délices l’agonie morale dont témoignait aussi clairement qu’une kyrielle de plaintes cette surabondance de courrier. Dans une maison qu’assombrissaient les absences de Marc et que, d’ailleurs, sa présence même, trop chèrement acquise, ne devait qu’à peine éclairer, elle voyait se traîner Mme Aliscan avec un air qu’elle supposait d’une couleur tragique chez cette