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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

vieille amante sur ses fins. Elle l’entendait successivement gémir et maudire. Elle lui prêtait, la bouche tordue, les yeux pleins d’angoisse, le visage gonflé par les larmes, des prières imprégnées de toute sa passion et que Marc prenait légèrement. Où s’arrêtent les violences d’un cœur déchiré ? La cruauté de son beau-fils lui semblait divine. L’investissant d’un caractère pertinemment faux et d’une bassesse d’âme révoltante, elle lui plaçait entre les dents des injures féroces dont chaque syllabe, frappant au vif cette chair répandue, lui était proprement une délectation. Les plus humaines se contentaient de flétrir son âge et de tourner en dérision ses vaines coquetteries. Les plus folles atteignaient sa maternité.

À l’improviste, un mercredi, cette ardeur tomba. Le déjeuner se terminait, sans raison spéciale, dans une atmosphère de confiance, lorsqu’un chauffeur d’automobile sonna rue Vaneau. La cuisinière parlementa, puis le fit entrer. Il portait un message destiné à Marc et déclara devoir attendre une réponse de lui.

Le billet décacheté et rapidement lu :

— Très bien ! fit le jeune homme. Dites que j’y vais.

Il ajouta pour sa belle-mère :

— Un ami m’attend…

— Ah ! fit Hélène sans témoigner la moindre émotion.

Elle n’en éprouvait, d’ailleurs, pas. Tout au contraire, le sentiment qu’elle n’eût pas avoué