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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

tionner. Tout était à reprendre. Elle n’aurait rien su.

Hélène froissait machinalement la petite dépêche qu’elle finit par glisser dans son sac à main. Arrivée dans sa chambre, elle l’en retira, l’examina sur ses deux faces et faillit l’ouvrir. Mais, sur le point d’en arracher fiévreusement la bande, elle réfléchit avec dégoût qu’un secret d’amants y était peut-être enfermé et manqua du courage de s’en voir instruite. « Alors, » pensa-t-elle, « la brûler ? » Trois allumettes, successivement, lui flambèrent aux doigts. Ce qu’elle faisait huit jours plus tôt sans hésitation lui semblait aujourd’hui une si laide besogne que, nonobstant les bonnes raisons qu’elle avait d’agir, sa délicatesse s’offusquait. N’était-ce pas là tromper vraiment la confiance de Marc ? Elle savait qu’au milieu de ses égarements l’admiration qu’il professait pour son caractère ne s’était jamais altérée. La crainte obscure de s’avilir la retint longtemps. À la fin, cependant, elle se décida.

Lorsqu’elle vint au salon, un quart d’heure après, il ne restait de ses scrupules les plus impérieux que le souvenir d’une faiblesse. Elle estimait s’être conduite en mère expédiente et s’étonnait, pour arriver à ce résultat, d’avoir dû se vaincre en partie.

Mais son beau-fils lui parut sombre et l’esprit tendu. Ce fut assez pour lui faire faire certaines réflexions qui, bientôt, la jetèrent dans une pleine déroute. Puisqu’en somme Marc était complètement guéri, à quelle cause attribuer son humeur