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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/207

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Marc avec un air de décision teinté d’ironie, mais, redoutant de se trahir, elle battait des cils et se détournait aussitôt. Peu d’instants graves l’avaient laissée dans un pareil calme. Une tiédeur délicieuse lui baignait les membres et son esprit, loin d’éprouver la moindre inquiétude, s’engourdissait dans un bien-être aussi pénétrant que celui par lequel une douce nuit s’annonce à un organisme épuisé. Ce mol état durait encore, s’était même accru lorsqu’elle se coiffa pour sortir. Assurée des moyens dont elle disposait, elle n’essayait ni de prévoir dans quelle atmosphère s’exécuterait le plan hardi qu’elle avait conçu, ni quelle défense pourrait venir à le contrarier, ni quel tour, en un mot, prendrait l’entretien. Le résultat définitif lui semblait acquis, et c’était le seul point dont elle se souciât. Des circonstances plus ou moins bonnes lui importaient peu.

En quelques minutes, elle fut prête. À peine dehors, elle eut la chance de trouver un fiacre. Profitant de l’aisance que lui donnait l’heure, l’énergumène à tête d’oiseau et pouces d’assassin qui la conduisait brutalement se faisait un devoir de brûler les rues. « Il devine, » songea-t-elle, « que je suis pressée ! » La vitesse l’excitait pour la première fois et sa cervelle enregistrait avec amusement les moindres détails de cette course. Quand la voiture se fut rangée devant la maison, elle descendit et pénétra dans le vestibule sans même jeter sur la façade un rapide coup d’œil. Arrivée au palier du troisième étage, elle reprit haleine et sonna.