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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

surprise et quel cri d’incrédulité ! Quelle chute, ensuite, de la stupeur dans le désespoir ! Quelle déchirante malédiction jetée par une folle à tel fond trouble et passionné qu’elle se prête soudain ! Comme elle se sonde, comme elle se presse, comme elle se torture pour éclaircir l’obscurité qui baignait son âme lorsqu’elle a commis son forfait ! Dans les minutes qui précédèrent le retour d’Hélène à une apparence de sang-froid, ces réactions, qu’elle subit toutes, lui brisèrent l’esprit, comme si, vraiment, le pire des crimes ou la pire des hontes justifiait de leur part tous les paroxysmes. Assez vite, sous les pleurs, cet excès tomba. Mais pour ouvrir à la pensée quelle atroce carrière ! D’un phénomène longtemps jugé d’éloignement physique sans complication d’aucune sorte, se dégageait expressément un sens effroyable. La vérité prenait, au jour, la face de l’inceste. Non, Michel, en trois mois, n’avait pas changé ! Si, brusquement, à l’indulgence envers sa personne (on peut même dire à cet oubli que donne l’habitude), le dégoût le plus vif avait succédé, c’était que Marc, à la faveur de l’adolescence, s’était saisi, dans un cœur vide, d’une place importante. Et fallait-il que ce cœur-là fut aveugle et sourd ! Mille traits auraient dû l’avertir. De relâchement, d’admiration, d’intérêt, d’orgueil, à l’examen le plus rapide, ils se distinguaient. Peut-être, hélas ! tandis qu’au bal, secrètement maudite, votre bouche surprenait par son amertume, méditiez-vous douloureusement sur votre abandon, trop honnête visage de Michel ! Mornes yeux, front glacé, vous