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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

que la pire révoltait Hélène ? Qu’on se détourne et de son corps farouchement tendu, et du cerveau qu’à chaque paresse elle congestionnait pour donner aux images une vigueur plus grande ! Dans l’épouvante, le désespoir, les cris et les larmes, elle vivait là sa première nuit d’amour passionné. Sous des caresses qui l’épuisaient, elle sondait l’enfer. Par moments terrassée d’un sommeil de brute, elle en sortait, geignant d’angoisse et la tête trempée, sur une vision qu’à peine rompue elle reconstituait pour s’en délecter avidement. Le plaisir consommé, elle s’aspergait d’eau. Vers les approches du crépuscule, elle dormit enfin.

Mais quel trouble et quel feu lorsqu’elle revit Marc ! Si, dans son cœur, languissait bien une espèce de honte, conséquence naturelle de la dépression où l’avait plongée l’insomnie, le désir la ceignait de mille pointes d’acier. Nul apaisement de son esprit, nulle relâche physique. C’était à croire, tout au contraire, qu’aussi exténuants qu’ils fussent les mirages de la nuit l’avaient mise en goût. Étudiant, contemplant son trop cher beau-fils, non d’une vue dégagée de toute influence, mais sous le signe de ce pouvoir presque diabolique qu’elle lui connaissait sur son corps, elle pensait l’admirer pour la première fois. Quelle trahison était, en somme, cette image de lui dont les audaces multipliées l’avaient rendue folle ! La lèvre insatiable ? Ombre indigne ! Cette bouche vive était celle qu’elle souhaitait baiser. Quand ses regards, conduits vers elle d’une force invincible, un instant s’arrêtaient sur sa chair si tendre, sa propre