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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

vrant leur retraite, certains des rêves conduits par elle, sous l’empire des sens, à de monstrueux développements. Ces dernières attaques l’écrasaient. Aux plus violentes, les yeux cachés et geignant tout haut, elle bouchait ses oreilles avec ses deux pouces. Il lui semblait qu’elle voyait luire le regard de Marc, qu’elle entendait sonner près d’elle son rire de mépris.

Subitement, une pensée la préoccupa. Le repentir, la confusion ne réglaient pas tout. Comment, après l’ignominie d’une telle aventure, allait-elle pouvoir vivre avec son beau-fils ? L’un et l’autre oppressés d’un infâme secret, n’étaient-ils pas de ces maudits qu’entreblessent leurs souffles et que seule soulagerait une séparation ? Oublier ensemble ? Et leurs cœurs ! Humilié, misérable et découragé, celui d’Hélène brûlait toujours d’une flamme aussi vive. Même faisant abstraction de son amour-propre et s’appliquant, par sa conduite, à persuader Marc qu’il s’était trompé sur son compte, pouvait-elle prévoir le futur, garantir que nulle part un orage nouveau n’y était encore suspendu. Sûre d’elle-même en partie, l’était-elle de Marc ? La tentation, qui, pour les perdre, agirait sans trêve, n’était-elle pas deux fois à craindre, et partout plus fort, possédant désormais deux entrées chez eux ? Aussi bien, cette maison lui faisait horreur, et ses nerfs, plus encore que le raisonnement, dans le désordre où elle était, la poussaient à fuir.

— Sans délai ! conclut-elle, les mâchoires serrées, Le plus tôt possible ! Il le faut !