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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

le regard de Marc, qu’il était posé sur sa gorge.

Ce fut pour elle une émotion dont elle devint pâle.

Par deux fois, coup sur coup, elle tourna les yeux et, par deux fois, surprit encore son beau-fils troublé, les prunelles parcourues d’une étrange lueur.

Alors, quel vertige la saisit ? Devinée, enfin, et comprise, n’ayant à faire, paraissait-il, que la moindre avance pour voir tomber sur sa poitrine la proie convoitée, elle se leva, sortit d’un trait, s’enferma chez elle, se laissa choir dans un fauteuil et fondit en larmes. Mais la passion n’était pour rien dans ce désespoir. Il était causé par la honte. Aussitôt vérifiée l’attitude de Marc, et avant même que dans ses yeux attachés sur elle elle n’eût distingué l’impure flamme, elle avait éprouvé le même soulèvement que si la main de son beau-fils, dans une discussion, s’était abattue sur sa joue. Voilà, pourtant, le résultat qu’elle avait souhaité ! Cette fin misérable, outrageante, à la fois folle de prétention et grossière d’oubli, c’était en vue de l’obtenir qu’elle avait tout fait ! Ah ! ça, quelle femme était-elle donc, ou plutôt quel monstre ? Quelle aveugle aussi, par surcroît ? Avait-elle pu, dans son délire penser sincèrement qu’entre elle et Marc, sauf une barrière faite de préjugés, il ne se dressait nul obstacle ? Quinze années d’habitudes, n’en était-ce pas un ? Suffisait-il qu’à l’improviste un désir naquit pour qu’un ordre nouveau s’instituât sans heurt dans des sentiments bouleversés ? Cruellement déchiré par ces réflexions, l’esprit d’Hélène avait encore à subir les coups que lui portaient, comme des fuyards cou-