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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/25

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

n’avait à la pensée de revoir son père ni mécontentement, ni plaisir. On l’eût alors bien étonné en lui expliquant qu’il devait plus de sa tendresse à cet homme si triste, et d’ailleurs gracieux envers lui, qu’à sa vieille bonne, ses grands-parents, son âne et sa chèvre.

Peu de gens fréquentaient à l’Amirauté. C’était le nom qu’avaient donné les voix d’alentour au manoir habité par les Cortambert, en l’honneur du marin, trisaïeul de Marc, qui l’avait jadis fait construire. De temps à autre, une vieille voiture étonnamment vaste y transportait, derrière deux mules, le comte de Kerbrat, qu’accompagnait toujours sa fille pendant les vacances. Ce gentilhomme et l’excellent M. Cortambert nourrissaient une passion pour le jeu d’échecs qu’ils ne pouvaient, depuis longtemps, satisfaire qu’ensemble, faute de partenaires à leur taille. Elle les aidait à tuer les heures de certaines journées et les avait rendus, en outre, étroitement amis.

Marc ne plaçait rien au-dessus d’Hélène de Kerbrat. Il lui vouait cet amour qu’éprouvent les enfants pour les personnes sérieuses qui s’occupent d’eux en se mettant à leur portée avec tant d’adresse qu’elles ne leur échappent de nulle part. Ses sentiments lui inspiraient de chercher au loin des expressions chargées pour lui d’un sens mystérieux qui lui parussent dignes de leur force, « Elle est ma fiancée ! » proclamait-il. « Nous sommes unis par nos serments ! » disait-il encore, ayant, un jour, entendu lire et trouvé sublime cette