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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

je prévoir qu’elle te mettrait dans un tel état ?

Le jeune homme écoutait sans remuer un cil.

Hélène sentit que, dans son âme, elle ne touchait rien.

Brusquement, traversée d’une inspiration :

— Sois sincère, mon chéri !… Va… Ce n’est pas tout ! Il y a quelque chose que tu veux cacher. J’attends ! fit-elle avec tendresse, inclinée vers lui, frôlant du lobe de son oreille la bouche silencieuse. C’est cette mauvaise femme… Oui, n’est-ce pas ?

Marc était subitement devenu très rouge.

— Ah ! vous savez ? murmura-t-il.

— Pauvre mien ! dit-elle.

Il appuya sur sa belle-mère qui le caressait un regard étonné où brillaient des larmes.

Puis, d’une voix modeste, un peu rauque :

— Elle est partie… Elle est en route pour le tour du monde… C’est tout à l’heure… en vous quittant… quand j’ai appris ça…

Il parut à Hélène qu’on lui rendait l’air. Positivement, elle respira, d’une poitrine profonde, avec une joie de se sentir en parfaite santé assez vive pour lui mettre une teinte rose aux joues. Ainsi, ses craintes et ses remords étaient sans fondement ! Non seulement elle n’avait aucune part directe dans l’effroyable tentative faite par son beau-fils, mais rien d’elle-même, de sa vertu, de son caractère, n’était compromis à ses yeux. Telle était la confiance qu’il lui accordait qu’elle avait pu, sans éveiller de soupçons chez lui, jouer à fond la partie la plus équivoque. Sa dignité sortait à peine de