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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

en quittant la chambre. Mais, c’est égal, soupira-t-elle en embrassant Marc, quel épouvantable accident !

Il y eut une minute de silence entre eux. Le jeune homme semblait réfléchir. Sa belle-mère, tendrement, lui saisit une main. Secouant alors un peu la tête, il laissa tomber :

— Pas un accident… J’ai voulu !

— Comment ? fit Hélène. Voulu quoi ?

— Voulu tirer, précisa-t-il. Je l’ai fait exprès !

D’une voix sans timbre, elle murmura :

— Mais pour quelle raison ?

Marc esquissa de la main gauche un geste évasif.

— Voyons, mon loup, pour quelle raison ?

Il baissa les yeux. Puis, d’un air excédé, comme elle insistait :

— Votre départ… La solitude… Ce bouleversement… Je ne sais plus trop ! souffla-t-il.

Hélène s’attendait à bien pis.

— Vilain nerveux ! s’écria-t-elle, presque avec bonheur. Et tu n’as pas honte ? reprit-elle. Voilà donc la confiance que tu mets en moi ! Au lieu de me parler, d’ouvrir ton cœur, (elle oubliait, à cette minute, les supplications si brutalement découragées, quelques heures plus tôt, par ses rigoureuses apostrophes), tu préfères accomplir une pareille folie ! Mon chagrin, mes angoisses, celles de ton grand-père, y as-tu réfléchi ou seulement pensé ?… Voyons, Marc, n’as-tu plus d’affection pour nous ?… Oui, je sais bien, j’aurais mieux fait de te préparer, d’amener la chose plus doucement. Pouvais-