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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/29

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

dont les trente-huit ans l’offusquaient. Puis, sa douceur, sa politesse et son effacement, le respect qu’elle avait de son caractère et surtout la pensée de posséder Marc s’étaient unis pour lui montrer son destin futur dans une séduisante perspective,

Elle avait fait, en s’accordant, cette unique remarque :

— Nous avons en commun quelques rares idées, mais sur beaucoup, fort importantes, nous nous divisons : êtes-vous sûr que jamais, de ces divergences, ne naîtront entre nous des difficultés ?

Michel avait considéré son splendide visage et répondu avec l’accent d’une passion totale :

— Ne craignez de moi nulle violence ! Si vous me faites la charité d’embellir ma vie, je serai trop heureux de vous recevoir et de vous garder comme vous êtes.

Par le regard qu’il va jeter sur l’esprit d’Hélène, le lecteur comprendra dans quelle aventure l’amour engageait cet homme froid.

La Basse-Bretagne est le berceau jalousement chéri de la vieille famille de Kerbrat. Aussi loin qu’on feuillette sa chronique de guerre, on y trébuche sur un Kerbrat entiché d’honneur et si, parfois, ses grandes actions font tort à l’Église, il expie son péché dans la pénitence. Tous les Kerbrat ont aussi bien adoré l’épée qu’achevé de combattre à l’aide de la croix, quand la croix leur manquait pour leurs dévotions ou que l’épée, brisée en deux, leur tombait des mains. C’étaient, pour eux, deux outils durs et interversibles qui se