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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/33

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

cice religieux. Lui-même feignait en sa présence une neutralité que lui rendait toujours facile son cœur d’honnête homme. Cependant, lorsqu’au cours elle répondait mal et méritait une mauvaise note pour le catéchisme, il la serrait sur sa poitrine et flattait ses nattes avec une tendresse plus marquée.

Des sourires, puis des moues, puis des réflexions étaient venus, sensiblement vers l’époque nubile, échue pour Hélène assez tôt, lui témoigner que le ferment d’incrédulité dont il avait subi l’effet dès l’âge de raison agissait sur sa fille avec la même force. Ç’avait été, pour son esprit, une puissante surprise et un positif soulagement. Qu’on se figure la joie goûtée par un affranchi à découvrir chez son enfant une conscience robuste, après avoir appréhendé des années durant, qu’il ne se complût dans les fers. Dissipée l’équivoque dont elle se voilait, la petite âme que révérait M. de Kerbrat avec un peu d’incertitude sur son étendue s’était livrée à son regard, dans toutes ses parties, comme une belle jachère sans point faible, à laquelle il suffit de donner des soins pour la tirer de son état et la féconder. Entreprise laborieuse, mais de quelle noblesse et de quelle grisante séduction ! Renonçant à s’aider d’aucun professeur, il s’était mis personnellement à instruire Hélène. Elle avait eu près de sa table un joli pupitre et une grande chaise du Moyen-Age où elle se perdait comme une dauphine de quatorze ans juchée sur un trône. Rien n’était fastidieux dans son entou-