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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

mouvements harmonieux. Ses épaules, cependant, accusaient la force. Son élégance était de celles que le goût d’une femme réussit encore à sauver dans un siècle où les hommes se soignent trop les mains et ne savent plus nouer une cravate.

Moralement, il manquait de tout caractère. L’éducation l’avait rompu, le travail, lassé, trop de surveillance, engourdi. C’était toujours l’enfant timide et plein d’innocence que sa belle-mère, trois ans plus tôt, envoyait au coin et tenait encore sous les verges, mais aussi qu’elle couvait sans aucune raison, lui tâtant le pouls tous les soirs et redoutant pour sa santé la température comme les exercices trop violents. Accoutumé à voir la vie à travers ses yeux et à n’agir scrupuleusement, dans les moindres cas, que sur permission explicite, il n’avait ni le goût de la volonté, ni même celui des entreprises qui excitent le sang par quelque apparence téméraire. Le dessin, la lecture et la nonchalance occupaient ses heures de loisir. Ses pensées, ni plus vaines, ni plus fausses que d’autres, ne sortaient pas, ordinairement, d’une zone tolérée, de même qu’enfant il tenait compte de certaines limites en courant derrière son cerceau. Avec cela, qu’on n’aille pas croire qu’il fût malheureux ! Au contraire, son sort l’enchantait. Une apathie, soit naturelle, soit plutôt acquise, mais dans un âge où les tendances de l’individu n’ont encore aucune fermeté, inclinait Marc à se complaire dans la soumission. Il en goûtait ingénûment les commodes dispenses et ce qu’elle pro-