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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

cure de bien-être, presque toujours, faute d’y songer, sans réel bonheur, mais quelquefois avec une pointe de sybaritisme.

Ses sentiments envers son père, strictement honnêtes, étaient demeurés d’une teinte neutre. Le commandant restait pour lui ce passant discret que recevaient avec égard les vieux Cortambert entre deux randonnées sur les mers du globe, aventurier que l’on respecte et que l’on tutoie, de qui la présence étonne peu, dont pourtant le départ ne crée aucun vide. Sa petite sœur Marie-Thérèse l’agaçait plutôt et, bien qu’il eût au fond pour elle une certaine tendresse, il ne pouvait lui pardonner la place importante qu’elle avait prise, lui déjà grand, dans la vie d’Hélène. Car c’était à celle-ci qu’allait tout son cœur. Ni discipline intolérante, souvent abusive, ni sévérité sans faiblesse n’avaient rompu le sortilège qui le liait à elle du temps où, vive, elle le charmait, chez ses grands-parents, comme la figure même du plaisir. Il advenait que, par éclairs, en public surtout, il la souhaitât dans ses rapports d’une humeur moins prompte, d’une composition plus facile : mais sa docilité n’en souffrait pas, et rien n’était plus intrigant pour l’observateur que de le voir, sans un murmure, conformer ses actes aux plus capricieuses injonctions de cette marâtre ravissante et d’aspect si jeune qu’on la prenait ordinairement pour sa sœur aînée.