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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Hélène l’avait réconforté par de douces paroles et bientôt vu, séchant ses pleurs, retrouver son calme.

À la campagne, quatre ou cinq fois, elle l’avait surpris de nouveau ravagé par cette humeur noire qui lui paraissait sans motif. « Ce sont les nerfs, l’adolescence ! » avait-elle pensé. Elle raisonnait Marc de son mieux. Puis, comme les crises n’éclataient plus qu’à longs intervalles, elle les avait enfin traitées par l’indifférence.

Une question plus sérieuse la préoccupait. Qu’allait-elle faire de ce garçon qu’attendait la vie ? Quel supplément de connaissances joindre à son bagage et quelle profession lui choisir ? Elle avait eu pour lui, jadis, de grandes ambitions, des rêves disparates et splendides, s’était promis de faire de Marc un homme remarquable et avait dû se rendre compte, les années aidant, qu’il n’en avait pas toute l’étoffe. L’intelligence était déliée, mais sans envergure. L’esprit, flegmatique, brillait peu. L’application ne s’obtenait que par la contrainte.

Il jouirait, à coup sûr, d’une certaine aisance. Jointe à la dot qu’avait reçue autrefois sa mère, la fortune héritée de ses grands-parents produisait des rentes honorables. Mais, auraient-elles suffi à le faire vivre, qu’Hélène jamais n’aurait souffert, à son âge surtout, de le voir près d’elle désœuvré. Elle aimait le travail par instinct profond, comme une autre femme la toilette. Ni sa vertu, ni sa tendresse, ni son intérêt n’auraient pu rayonner sur un inactif.