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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

à s’occuper d’un cas domestique et, trop honnête, ou, si l’on veut, trop pusillanime pour les imposer à tous risques, il préférait s’en rapporter à celles de sa femme.

Hélène, rentrée chez elle, réinstallée, s’était donc entourée de programmes d’études. Mais quoi de plus décourageant que ces feuilles volantes où, sur deux pages d’un texte fin à lasser les yeux, se trouvent, en somme, énumérées toutes les connaissances ? Dans telle préparation, dite scientifique, les notions littéraires occupaient une place incroyablement étendue, et inversement, aux belles-lettres, on formulait des exigences en mathématiques aussi ridicules qu’accablantes. C’était de quoi désespérer tout esprit moyen, et même tout esprit supérieur, mais n’ayant d’aptitudes que d’un certain ordre. Entre tant de notices, laquelle choisir ? Sur laquelle de ces voies précipiter Marc ? Le mot violent : précipiter, qu’employait Hélène, l’égayait et pourtant lui paraissait juste, tant elle connaissait son beau-fils, tant elle avait le sentiment, l’impression profonde que, pour le nantir d’une carrière, il faudrait l’y jeter par la peau du cou. Il n’offrirait, se disait-elle, aucune résistance et, une fois lancé, poursuivrait. Mais, justement, cette impulsion qui proviendrait d’elle, dont elle serait seule responsable, lui faisait un peu peur à déterminer et, quelle que fût son habitude de pourvoir à tout, elle eût aimé qu’un trait quelconque, une parole de Marc dissipât en partie ses hésitations.