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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/51

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

papa, mais celle-là me déplaît extraordinairement.

— C’est un dur métier ! fit Hélène. Aussi bien, reprit-elle en secouant la tête, je te verrais avec chagrin dans une profession qui te tiendrait, ta vie durant, sans cesse éloigné. Ne parlons donc ni de la mer, ni des colonies. Nous avons Paris, toute la France. Ce champ-là peut suffire à nos ambitions.

— Surtout aux miennes ! observa Marc d’un ton cavalier qui impatienta la jeune femme.

Elle lui jeta dans la figure, presque avec colère :

— Enfin, tu aimes bien quelque chose ?

— Oui, fit-il, rappelé à la soumission. J’aime à dessiner… j’aime à peindre…

Il montrait du doigt son carton. Hélène tendit une main, saisit l’esquisse, demeura un instant à l’examiner, puis, sans paraître y attacher beaucoup d’importance, la posa près d’elle, sur un meuble.

— Évidemment, tu as du goût ! fit-elle, radoucie. C’est ordonné, c’est rigoureux, c’est honnête en diable. Pauvres qualités pour un peintre ! Veux-tu savoir quel avenir je pressens pour toi si tu te consacres aux beaux-arts ? Celui d’un homme qui habitera, vers la cinquantaine, une maison encombrée de ses propres toiles et vieillira au milieu d’elles, obscur et jaloux, plein de l’amertume des ratés, n’ayant pu, de sa vie, en placer une seule !

— Et pourquoi donc ? demanda Marc, légèrement froissé. Pourquoi, si j’ai des aptitudes et qu’on