Aller au contenu

Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
57
LE SUPPLICE DE PHÈDRE

d’exercice ? L’hiver venait, le climat rude et le ciel chargé lui rendraient cette corvée presque insupportable. Il ferait tout pour s’y soustraire. Il y parviendrait. Sa nonchalance accentuerait son désœuvrement. La seule pensée de ce grand corps, sourd à toute sagesse, occupant ses loisirs à s’intoxiquer en se traînant d’un fauteuil bas sur quelque chaise longue emplissait Hélène de dégoût.

Elle le mit d’un tennis, lui fit faire des armes ; c’était l’obliger adroitement à déployer hors de ses cours, comme elle le souhaitait, une activité salutaire.

Mais la culture de son esprit, la culture gracieuse, celle qui fait l’honnête homme d’un homme éclairé et le distingue dans la mesure où il s’y complaît, l’intéressait au moins autant que celle de ses muscles. Marc, en toute chose, ne possédait que des connaissances. Bourré de rudiment par sa belle-mère, qui professait que l’on n’élève une architecture que sur de solides fondations et déclarait fort inutile d’orner les sous-sols, il n’avait eu ni l’occasion de former son goût, ni le temps nécessaire à cette entreprise. Aussi bien manquait-il de précocité. C’est une pensée qu’il faut avoir constamment présente, si l’on veut juger cette figure, que mille pratiques avaient tendu délibérément à empêcher qu’elle ne perdît la fleur de l’enfance. Nous n’en citerons qu’un exemple : Marc, à quinze ans, malgré sa taille et malgré la mode, portait encore, sauf au lycée, le costume d’Eton, avec la veste à pointe légère s’arrêtant aux reins. « Qu’il gagne ses galons !