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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/62

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

Son beau-fils l’écoutait avec recueillement. Rien ne flattait ce cœur timide, cet esprit docile comme de voir la personne qui l’avait formé l’élever jusqu’à elle dans leurs entretiens. L’affection qu’il lui vouait redoublait d’ardeur à la sentir préoccupée de son instruction sans qu’il eût pourtant à la craindre. Levait-elle un doigt vers une toile, il observait sa main si fine dans le gant brodé et jouissait mieux de la douceur du geste accompli quand sa mémoire le reportait aux cinglantes taloches dont, si souvent et si longtemps, pour des fautes légères, l’avait gratifié la même main. Certaines leçons d’un philosophe au Collège de France, puis des conférences qu’ils suivirent donnèrent à Marc, déjà séduit par l’accent des maîtres, la vanité de recevoir, sur différents points, un enseignement qui, puisqu’Hélène en prenait sa part, les rendait, pour une heure, strictement égaux. Elle désira qu’il eût une teinte de l’art dramatique et le conduisit aux Français ; de l’art lyrique et, négligeant son goût personnel qui n’y était, sans l’exécrer, que fort peu sensible, lui fit voir plusieurs opéras. Il vibrait d’enthousiasme à la comédie, mais la musique le pénétrait de l’ennui profond que l’on éprouve, à la campagne, par un jour pluvieux, lorsque le ciel, interrogé toutes les cinq minutes, se présente partout chargé d’eau. N’eût été sa belle-mère, il se fût enfui. Elle suffisait à le garder de trop d’impatience et, par quelques observations spirituelles et justes, lui rendait la soirée presque supportable.

Hélène finit par renoncer à toute tentative de