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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

La démarche était loin de la révolter. Elle manquait de noblesse, elle était gênante, mais, pour elle, n’était-ce pas un devoir d’état que de surveiller son beau-fils ? Se faisait-elle, naguère, scrupule de fouiller ses poches lorsque, parmi les vingt objets qu’elle savait y être, elle pensait y trouver des choses interdites ? De la voiture qui stationnait le long du trottoir devant la porte principale de la Faculté, elle guettait tranquillement la porte ordinaire, sans autre crainte que de faillir à distinguer Marc s’il venait, par hasard, à quitter l’École dans un flot important de ses camarades. Quelques minutes après quatre heures, il sortit enfin. Hélène le vit se séparer de deux étudiants et se diriger seul vers la rue Soufflot. Elle abaissa une glace du fiacre et dit au chauffeur :

— Regardez ce jeune homme en pardessus gris ! Je désire savoir où il va. Il faut le suivre discrètement, sans qu’il s’aperçoive…

Elle ajouta vite :

— C’est mon fils,

L’homme ricana sous sa moustache. Hélène devint rouge et pensa, dépitée, en se rencognant :

— Pour le bénéfice que j’en tire, j’aurais pu m’épargner cette dernière parole !

Le locatis avait grimpé la raide rue Saint-Jacques et tourné en roulant à l’allure du pas. Hélène voyait Marc devant elle. Il cheminait assez vivement le long des boutiques. Elle essaya de supputer le but de sa course, mais aucune hypothèse ne la contenta. À vrai dire, l’inquiétude lui mordait les nerfs.