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Page:Henri Deberly Le Supplice de Phèdre 1926.djvu/77

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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

pas. Machinalement, elle étudiait la forme et la coupe de la robe qui frôlait la silhouette de Marc. « C’est celle d’une jeune fille », songea-t-elle. Elle réfléchit et renchérit : « Même d’une très jeune fille ! » Tout à coup, elle sentit comme un ébranlement. « Mais j’ai déjà vu cette personne ! » Un effort de mémoire à peine laborieux et le nom qu’elle cherchait lui montait aux lèvres : « La petite Vulmont ! Oui, c’est elle ! Maigre et jaune, parfaitement, elle n’a pas changé depuis leurs tennis du mois d’août ! » Les amoureux, timidement joints, semblaient s’alanguir. Alors, elle marcha vite, les atteignit et posa sa main droite sur l’épaule de Marc.

— Que fais-tu là ? demanda-t-elle d’une voix étranglée.

Il tressaillit, ouvrit la bouche, demeura sur place et ne put trouver un seul mot.

— Que fais-tu là ? reprit Hélène, lui secouant l’épaule, guère plus gênée de cet éclat dans un lieu public que de quelque semonce dans l’intimité, Depuis quand t’ai-je permis de flâner en route ? À la fin, suis-je ta mère ou ta domestique ? Me croirais-tu faite pour t’attendre ? Où as-tu pris cette péronnelle qui traîne à tes trousses avec des allures de chienne chaude ?

Une voix grêle monta :

— Mais, madame…

Ce fut assez pour détourner la colère d’Hélène. Comme si son cœur se fût réjoui de cette occasion, elle fit un pas vers la jeune fille et, l’index pointé :

— Vous, ma petite, s’écria-t-elle, vous êtes une