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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

l’effort persévérant de plusieurs années, tant de soins déployés pour former un être et rendre sensible une conscience aboutiraient, par le seul jeu de l’instinct viril, à cette pitoyable évasion ? Après avoir, aussi longtemps, été tout pour Marc, il lui faudrait s’accommoder d’un rôle secondaire dans lequel, tout au plus, il la souffrirait ? Elle perdrait sur lui tout contrôle ? Elle le verrait tantôt plongé dans le ravissement et tantôt tourmenté, sans savoir pourquoi ? La passion de régir bouillonnait en elle lorsqu’elle tentait de méditer raisonnablement sur ces désolantes perspectives. Puis, à l’idée que son beau-fils, aujourd’hui si pur, tendrait la jambe pour des coquines du dernier étage et véhiculerait leurs parfums, elle éprouvait positivement un malaise physique et sentait l’amertume lui monter aux lèvres.

La seule méthode qu’elle connût bien était la violence. Assurément, elle en avait dans le caractère, mais surtout elle l’aimait et la pratiquait par tradition et par mépris d’un siècle énervé. Depuis les premières pages de cette étude, on se sera probablement aperçu mainte fois que la logique n’inspirait pas les actions d’Hélène avec une rigueur sans défaut. C’est qu’en elle, aux leçons pleines d’humanité qu’elle avait reçues de son père, venait souvent à s’opposer le sang féodal qui la baignait d’autrement loin, et par deux courants. Il lui était fort habituel de penser en sage et de se conduire en despote. Une victoire marchandée lui semblait sans goût. Celle que, peut-être, elle eût acquise en raisonnant Marc,