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LE SUPPLICE DE PHÈDRE

le sentiment de la devoir à une complaisance, selon ses principes, indigne d’elle, l’aurait rendue presque humiliante pour son amour-propre. On ne s’impose de ménagements qu’envers un égal. Chez un subordonné, l’orgueil s’abat, les tentatives d’indépendance doivent être écrasées. C’est lui faire trop d’honneur que d’en discourir.

Mais elle s’embrouillait dans ses coups. Craignant bien moins d’en faire pleuvoir sans utilité que d’en négliger d’efficaces, elle en portait aveuglément et de trop nombreux. L’incertitude se révélait dans toute sa défense, comme dans le jeu d’un escrimeur qu’a déconcerté une attaque imprévue de son adversaire, Confiante dans sa méthode, dans son empire, tant qu’au hasard de la rencontre et sans colère vraie elle n’avait eu à réprimer que des peccadilles, elle hésitait et s’effarait devant une menace qui lui semblait, en raison même de sa discrétion, d’une insaisissable étendue. Ses sentiments l’avertissaient qu’elle frappait en vain. Elle abandonnait tout espoir. Puis, la fureur s’emparait d’elle et la possédait avec une violence redoublée, son naturel autoritaire reprenait du souffle et, sans se faire grande illusion sur leur influence, elle accentuait tyranniquement de gauches représailles.

Marc lui donnait le réconfort de voir qu’elles portaient. Quatre ou cinq jours après la scène du jardin public, en quittant l’École, rue Soufflot, il avait dû saluer Alice Vulmont, qui stationnait, en compagnie d’une servante âgée, devant un bureau d’omnibus, et n’avait reçu d’elle qu’un farouche