Page:Henri Forir - Dictionnaire liégeois-français, t. 1, 1866.djvu/13

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— XI —

éviter l’hiatus. — Li pér li mér è l’fi : le père, la mère et le fils ; pluriel : lè pér, lè mér è lè fi : les pères, les mères et les fils. — Parlant d’une femme, el di, el fai, el keûss : elle dit, elle fait., elle coud ; mais il faut ell ouveûr, ell îret, ell a di, ell a fai : elle travaille, elle ira, elle a dit, elle a fait ; les deux ll se faisant entendre très-distinctement en wallon, lorsque ce pronom est suivi d’une voyelle.

Telle est la base de mon système : écrire comme on parle, parler comme on écrit, rejeter toute lettre inutile à la prononciation.

On pourra rencontrer quelques exceptions à cette règle, mais qui toutefois ne s’en écartent que très-peu ; elles ne sont pour ainsi dire qu’apparentes. Les mots ovrech, manech, ou ovrèche, manèche, par exemple, peuvent aussi s’écrire ovreg, maneg, ou ovrège, manège. Je suis souvent guidé par la lettre initiale du mot qui suit immédiatement, selon qu’elle est rude ou douce, comme dans ovreg di min, maneg di so ; ovrech sognî, manech pôf : les mots français qui y correspondent doivent aussi, on doit le remarquer, subir la même variété d’aspiration ; car dans ouvrage soigné, ménage pauvre, on doit forcément faire entendre ouvrache, ménache. En général, les mots wallons de cette catégorie aspirent toujours leur dernière syllabe, si c’est à la fin d’une phrase ; l’e muet s’omet souvent, à moins qu’il ne termine un vers.

J’écris indifféremment printt, printe et prinde (prendre) ; jontt, jonte, et jonde (joindre) ; tott et tote (toute) ; tair et têr (terre) ; koir et kwêr (corps) ; koiri et kwèri (chercher).

L’élision de l’e et de l’i, étant très-fréquente dans le wallon, entraîne la multiplicité des apostrophes ; j’ai tâché, lorsqu’il s’en trouve deux dans le même mot, d’amoindrir cet inconvénient par un tiret qui remplace la première. Exemple : lè k’mânnmin d-l’Églîss, li min d-l’èfan, i fâ k-l’om oûveûr. La même considération permet d’écrire li rnâ au lieu de li r’nâ (le renard) ; ji rlé, ti rvin, au lieu de ji r’lé, ti r’vin (je relis, tu reviens).

Je remplace généralement par la lettre k le c dur ; mais