Page:Henri Forir - Dictionnaire liégeois-français, t. 1, 1866.djvu/20

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quittent leurs feuilles ; à la fin de l’automne. — Plak di jônn-z-âb : pépinière, plant d’arbres. — Li vin a r’viersé baikô d’âb è voss boi : il y a beaucoup de chablis dans votre forêt. — Âb di famil : arbre généalogique. — Ciss-t-om la è foir kom inn âb : cet homme est extrêmement robuste, c’est un athlète, il est d’une force athlétique, il est fort comme un crocheteur. — Il a fai on lîv so lè-z-âb è lè plantt : il a composé un traité des végétaux, du règne végétal.

Âb, s. Arbre, pièce longue, forte, et la principale d’une machine. — Áb di molin, di stoirdeû : arbre d’un moulin, d’un pressoir.

Âb, s. Aube, vêtement ecclésiastique de toile blanche, lequel descend jusqu’aux talons. — Fâ k’on priess mett si âb po dîr mess : un prêtre doit revêtir, doit ceindre son aube pour dire la messe.

Âb, s. Aubel, commune et chef-lieu de canton dans l’arrondissement de Verviers, à 26 kilomètres de Liége. Population : 3,230 habitants. Superficie : 1,837 hectares. — Li marchî d’Âb ess-t-onk pu bai ki gnâïe, c’ess-t-on grinî dè paï : le marché d’Aubel est un des plus importants qui existent, c’est un grenier du pays.

Aba, int. Bah ! — Aba ! sou k’vo m’dihé la ! Bah ! ce que vous me dites là !

Abagué, v. (J’abak, no-z-abagan). Emménager vers le lieu où l’on parle ; déménager. — Il a-t-abagué del veïe è noss viech : il a déménagé de la ville pour s’emménager dans notre village[1].

Abaguech, s. Emménagement, action d’emménager. — Fâ n’sakî po ratinte è po r’sûr l’abagech : il faut commettre quelqu’un pour attendre et recevoir l’emménagement.

Abahech, s. Abaissement, action d’abaisser, résultat de cette action ; soumission, humiliation. — C’é l’abahech po d’hintt è l’kâf ki m’a fai mâ mè rin : c’est en m’abaissant pour descendre dans la cave que je me suis fait mal aux reins.

Abahî, v. (J’abah, no-z-abahan). Abaisser, faire descendre, mettre plus bas ; baisser. — Abahî voss tiess : baissez la tête. — S’abahi d’zo l’volté dè Bondiu : s’abaisser, se prosterner sous la volonté, sous la main de Dieu. — Abahiv inn gott po ramacé sou k’ess-t-al tair : baissez-vous[2] un peu pour ramasser ce qui est à terre.

Abail, ad. C’est pour cela que, ce n’est pas pour rien que. — Abail ki chess si foir c’è ki gna n’krèveûr à l’ouh : ce n’est pas pour rien, il n’est pas étonnant qu’il y ait un si fort courant d’air, c’est que la porte est entre-baillée[3].

Âbaînn, s. Aubaine. Voy. Ôbaînn.

Abaiss, s. Abbesse, supérieure d’un monastère de filles. — Ell ess-t-abaiss po treû-z-an : c’est une abbesse triennale. — C’ess-t-inn abaiss po tote si vèie : c’est une abbesse perpétuelle.

Abaiss, s. Abbesse, qualification ironique de celle qui tient maison de tolérance. — Li mér-abaiss è tott lè mamaie on stu mètow è l’prîhon : la mère-abaisse (la maquerelle) et toutes les filles de joie ont été misés en prison.

Abaiss, s. Guigne noire cultivée, cerise douce assez approchante du goût et de la forme d’un bigarreau. — Chercî â-z-abaiss : guignier, arbre qui porte des guignes. — Magnî on d’mèie kilo d’abaiss : manger un demi-kilogramme de guignes.

Aba-joû, s. Abat-jour, appui de fenêtre en talus pour rabattre la lumière. — Lè marchan on dè-z-abajoú a leû botik po fé r'glati leû marchandèie : les marchands ont des abat-jour dans leurs magasins pour faire paraître leurs marchandises plus belles.

Âbajow, s. Abajoue, poche où certains animaux placent leurs aliments.

Âbak, s. Abaque, partie supérieure des chapiteaux des colonnes sur laquelle porte l’architrave ; tailloir.

Âbalow, s. Hanneton, insecte qui a des ailes recouvertes d’écailles et qui paraît au printemps. — Hapé dè-z-âbalow : prendre des hannetons. — Lè-z-âbalow fet baikô d’damach â magnî lè foïe dè-z-âb : les hannetons font beaucoup de dégâts en dévorant les feuilles des arbres.

Abandon, s. Abandon, état de l’être abandonné ; délaissement, désaisissement. — Lèî to-t-afai a l’abandon : laisser tout à l’abandon. — Il a fai abandon d’to sè bin : il a fait l’abandon, la cession de tous ses biens. — Abandon d’inn éritech : déguerpissement d’un héritage.

Abânné, v. (J’abânnaie, no-z-abânnan). Abandonner, délaisser, quitter, déguerpir ; se dessaisir, se dénantir. — Abânné l’paï : abandonner, quitter, désemparer le pays. — Ci kapon la a-t-abânné s’feum è sè-z-èfan : ce gueulard a abandonné sa

  1. Peut marquer l’action de certains verbes réitérée jusqu’à satiété, les Wallons l’expriment d’abord deux fois, puis une troisième fois immédiatement sous forme interrogative. Exemples : J’a houkî, è houkî, et rahoukra-tu ; — aprè avu toûrné, è toûrné, è ratoûrnra-tu ; — vomla ratinte, è ratinte, et ratindra-tu, etc.
  2. Abaissez-vous serait incorrect.
  3. Ne dites pas qu’il chasse, ni qu’il y a une crevasse à la porte.