Page:Henri Forir - Dictionnaire liégeois-français, t. 1, 1866.djvu/21

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femme et ses enfants. — Ji sin ki mè foiss m’abânnet : je sens que mes forces m’abandonnent. — On malâtt k’ess-t-abânné dè dokteûr : un malade désespéré des médecins [1]. — S’abânné : s’abandonner, se corrompre, se laisser séduire. — S’abânné al providinss : s’abandonner à la Providence.

Abânné, abânnaie, s. et adj. Abandonné, délaissé. — Jônn èfan abânné so on soû : jeune enfant abandonné et déposé sur le seuil d’une porte. — Inn pôv abânnaie : une malheureuse abandonnée, une femme qui se prostitue.

Abânnech è Abânnmin, s. Abandonnement, abandon, défection ; dérèglement dans la conduite. — Pokoi ass fai l’abânnmin d’to tè dreu ? Pourquoi as-tu fait l’abandonnement de tous tes droits ? — Viké d’vin l’abânnmin : vivre dans l’abandonnement, dans le dérèglement. — Fé proûv d’abânnech di lu mainm : faire preuve d’abnégation de soi-même.

Âbaronn, s. Bannière, étendard, banderolle, oriflamme, labarum [2]. — On bai batai avou to plin dè-z-âbaronn : un beau bateau tout pavoisé de banderolles.

Abastârdi, v. (J’abastârdih, no-z-abastârdihan). Abâtardir, faire déchoir une chose de son état naturel, la faire dégénérer ; l’altérer ; abrutir, rendre sauvage. — Li mâl kulteur abastârdih lè plantt : la mauvaise culture abâtardit les plantes.

Abastârdihech è Abastârdihmin, s. Abâtardissement, altération, dégénération ou dégénérescence d’une chose. — L’abastârdihmin d’inn sôr di biess : l’abâtardissement d’une race d’animaux.

Âbastrî, s. Arbalétrier, celui qui tire de l’arbalète. — A Vîsé, gna dè k’pagnèie d’âbastrî è d’hârkibûzî : à Visé, il y a des compagnies d’arbalétriers et d’arquebusiers.

Abatech, s. Abatage, action d’abattre. — L’abateg d’inn mohonn : l’abatage, la démolition d’une maison. — L’abateg dè biess : l’abatage, l’action de tuer les bestiaux.

Abatech, s. Abatage, taxe sur les bœufs, vaches, cochons, etc., que l’on tue pour la consommation. — Päî l’abateg d’on vai : payer l’abatage d’un veau [3].

Abateû, s. Abateur, celui qui abat. — Voss kitèïeû d’legn ess-t-on fîr abateû d’boi : votre bûcheron est un grand abateur de bois. — C’ess-t-on fameû abateû d’bèie : c’est un grand abateur de quilles ; il se vante des prouesses qu’il n’a pas faites.

Abatoir, s. Abatoir. Voy. Touwrèie.

Abatou, s. Appentis, petit bâtiment contre un autre plus haut ; hangar, remise, abri. — Rimèté l’kârmann è l’berwett divin l’abatou : remettez la charrette à ridelles et la brouette dans l’appentis.

Abatt, v. (J’abatt, no-z-abatan). Abattre, jeter par terre, mettre à bas, renverser, faire tomber. — Abatt inn mohonn : abattre, démolir une maison. — Abatt dè pom : gauler des pommes. — Li timpess abata baikô d’châgn è boi : la tempête fit un grand abatis de chênes dans la forêt. — Abatt deû gèie d’on kô d’warokai : faire d’une pierre deux coups.

Abatt, v. Abattre, soumettre, convaincre, faire désister. — Vo n’sârî abatt ciss-t-om la, il è tro vîreû : vous ne sauriez faire céder cet homme, vous ne pourriez le faire démouvoir de ses prétentions, il est trop têtu, trop obstiné.

Abattmin, s. Abattement, affaiblissement, diminution de force, de courage ou d’énergie. — L’abattmin d’on malâtt : rabattement d’un malade. — Inn mâl novel a-t-aminé l’abattmin : une mauvaise nouvelle a causé l’abattement.

Âb-a-vècèie, s. Baguenaudier, arbre à fleurs légumineuses, dont les gousses, qu’on appelle baguenaudes, éclatent lorsqu’elles sont pressées ; faux séné.

Abcet, s. Abcès, amas d’humeurs avec tumeur ; apostême ou apostume. — Mi infleûr è toûrnaie a abcet : ma tumeur est tournée en abcès ; elle a abcédé. — L’abcet k’è hirî, k’à trawé : l’abcès a crevé. — Kwan inn abcet traw, soula è danjreû : l’aboutissement d’un abcès est dangereux.

Abé, s. Abbé, celui qui porte un habit ecclésiastique ; clerc ; supérieur d’une abbaye, archimandrite. — Mohonn di l’abé : maison abbatiale. — Lè dreû d-l’abé : mense, les droits abbatiaux. — L’abé coko : l’abbé coquet.

Abèïe, int. Vite ! Dépêchez-vous. — Abèïe, jan ! allons vite ; à moi ! — Abèïe èvôïe : sortez vite ! — Â pu-z-abèïe : le plus vile possible. — Abèïe foû d’cial ! loin d’ici, vite, dénichez de céans [4].

Abèïe, adj. Expéditif, prompt, agile, preste. — Abèïe ovri : ouvrier actif, laborieux, diligent. — Noss vikair ess-t-abèïe kom on dial a dîr si mess : notre vicaire dit très-prestement sa messe [4].

Âbèïe, s. Alose, poisson de mer qui remonte ordinairement au printemps dans

  1. Ne dites pas : renoncé des médecins.
  2. Étendard impérial sur lequel Constantin fit placer une croix et le monogramme de J.-C.
  3. L’impôt sur la mouture et l’abatage est une des causes principales qui ont amené la révolution belge de 1830.
  4. a et b N’imitez pas les bonnes et les soubrettes qui francisent ce mot en disant : abie ! Dans ce cas, habile ne convient pas non plus.