Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/56

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la traite : il est douloureux de penser que cette stipulation, la dernière sans doute de ce genre, souillera nos annales.

Avilir les hommes, c’est l’infaillible moyen de les rendre vils. L’esclavage dégrade à la fois les maîtres et les esclaves, il endurcit les cœurs, éteint la moralité et prépare à tous des catastrophes[1].

Fasse le ciel qu’on voie les puissances de l’Europe, d’un concert unanime, déclarer que la traite étant une piraterie, ceux qui tenteroient de la faire doivent être saisis, jugés et punis comme forbans, admettre comme principe fondamental l’émancipation progressive des hommes de toute couleur, proscrire à jamais un commerce qui a fait couler tant de larmes, tant de sang et dont le souvenir perpétué dans les fastes de l’histoire est la honte de l’Europe !

  1. Quinte-Curce a très-bien exprimé cette vérité : Inter dominum et servum nulla amicitia est ; etiam in pace, belli tamen jura servantur. L. 7, c. 8.