Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/84

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nominations de traite et d’esclavage. Peut-on appeler autrement la vente de ces régimens Hessois, dont les touchans adieux étoient répétés par les échos de l’Amérique ?

Quand, pour verser tous les fléaux sur les rives de l’Ebre, de l’Elbe et de la Vistule, des millions de Français, naguère arrivés à la puberté, étoient arrachés du sein de leurs familles éplorées ; quand la fureur des conquêtes proposoit, et quand la lâcheté sanctionnoit ces conscriptions multipliées qui ont fait couler tant de sang et de larmes ; quand, pour faire leur cour au monarque, des préfets levoient un double et même un triple contingent, c’étoit la traite sous un autre nom.

Les princes jouent les provinces, et les hommes sont les jetons qui payent : on attribue cette phrase à Frédéric, dit le grand, qu’un poète aimable et ingénieux a si bien désigné dans ce vers :

« On respecte un moulin, on vole une province[1] »
  1. M. Andrieux