Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/85

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Elle est de nos jours cette expression dépenser des hommes : elle ne pouvoit naître qu’au milieu du carnage.

Ces grands troupeaux qu’on appelle nations sont, pour la plupart, des objets de commerce. À peine la liberté trouve-t-elle quelques asiles dans des montagnes, des îles et des marais. Le despotisme étend sur le globe son sceptre de fer. En Europe, on lui a cependant imposé quelque pudeur ; c’est un effet de la révolution française et du progrès des lumières qui ont fait pénétrer jusque dans les cours des idées saines ; de là sont résultés, entre l’autorité et la soumission, quelques arrangemens qu’on pourroit appeler des abonnemens politiques, et qui présagent pour des peuples un état plus heureux ou moins désastreux. Déjà quelques-uns ont une représentation nationale ; mais plusieurs, contraints d’étouffer des plaintes, qui seroient punies comme cris de rébellion, et n’entrevoyant de remède à leurs maux que dans l’excès même de ces maux, sont réduits à désirer que, momentanément, ils s’accrois-