Page:Henri Grégoire.- De la traite et de l'esclavage des noirs et des blancs, 1815.djvu/87

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qui obéissent et ceux qui commandent, quand ceux-ci veulent ne reconnoître pour eux-mêmes que des droits à exercer, et ne voir chez un peuple que des devoirs à remplir. Ils redoutent, ils repoussent les hommes dont les opinions n’ont pas de souplesse, dont le caractère n’est pas malléable. Fergusson[1] a très-bien observé que le despotisme est doué d’une sagacité profonde, pour découvrir et attirer ceux dont il peut faire des complices. Il y a des individus qu’il aime et qu’il n’estime pas ; il en est qu’il estime et qu’il n’aime pas. Cette considération explique pourquoi certaines gens obtiennent, sous tous les régimes, une faveur que d’autres ne désirent et n’obtiennent sous aucun.

Lorsqu’après s’être long-temps débattu dans les angoisses un peuple est aux abois, que peut-il pour sa délivrance ? Ira-t-il sur quelque mont Aventin attendre que, par la seule force d’inertie, il ait arraché à ses oppresseurs une transaction qui rende ses souffrances plus tolé-

  1. Histoire de la Société civile, chap. dernier.