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1575. — 29 juillet. – Ire.

Orig. autographe. – Arch. secrètes du Vatican. Copie de M. le comte Marini, archiviste de la Sainte Église Romaine. Envoi de M. l’ambassadeur de France à Rome.


À NOSTRE TRESSAINCT PERE LE PAPE.

Tressainct Pere, Si la priere et recommandation que vous faict le Roy mon seigneur en faveur de mon cousin, messire François de Foix et de Candale[1], me sembloit moings que suffisante pour obtenir de Vostre Saincteté la promotion en l’evesché avecques la dispense pour quelque temps d’entrer en sainctes ordres[2], je vous ferois longue deduction de ce que j’estimerois pouvoir esmouvoir Vostre Saincteté, pour accorder la requeste qui vous est faicte par mon cousin. Mais y ayant le Roy mon seigneur, par les lettres qu’il en escript à Vostre Saincteté, si amplement satisfaict, que ce que j’y pourrois ajouster ne seroit aultre chose que de retenit Vostre Saincteté à la lecture d’une longue lettre, je me conformeray par la presente seulement à la requeste et supplication qui vous en est faicte ; et pour m’estre le sr de

  1. François de Foix de Candale, commandeur des ordres du Roi, évêque d’Aire, troisième fils de Gaston de Foix, comte de Candale, captal de Buch, etc. et de Marthe d’Astarac, fut un des hommes les plus savants de son siècle, principalement dans les mathématiques et dans les secrets de l’ancienne philosophie. On a de lui une traduction latine des Éléments d’Euclide ainsi qu’une traduction en latin et en français, avec un docte commentaire, du Pimandre d’Hermès Trismégiste. Il inventa et exécuta lui-même des instruments de mathématiques très-ingénieux, institua à Bordeaux une chaire de mathématiques, et mourut, dans son château de Cadillac, à plus de quatre-vingt-quatre ans, suivant M. de Thou, qui l’avait connu personnellement ; à quatre-vingt-dix ans, suivant Scévole de Sainte-Marthe. Ce dernier auteur ajoute qu’il mourut dans le mois où Henri IV fut sacré à Chartres, c’est-à-dire au mois de février 1594.
  2. Cette promotion de François de Candale à l’évêché d’Aire était un arrangement de famille, qui le faisait succéder à son frère Christophe, mort évêque d’Aire, vers 1570. Il paraît que ce siége resta vacant jusqu’à ce que les goûts studieux de M. de Candale l’eussent déterminé à ce parti comme à une sorte de retraite. Voyez encore sur ce savant évêque la note 1 de la lettre du 31 janvier 1581.