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1577. — 27 décembre.

Orig. – Arch. de la préfecture de la Dordogne. Envoi de M. le préfet.


À MESSRS LES OFFICIERS ET CONSULS DE LA VILLE DE BERGERAC.

Messrs, Il nous est venu des nouvelles de plusieurs parts à monsr le mareschal de Biron et à moy, que les armes se reprennent par les villes d’une part et d’aultre, soubs pretexte de quelque artificieuse defiance, controuvée dans le cerveau de ceulx qui vouldroient encore retourner aux troubles et rendre l’edict de pacification illusoire[1]. Et d’aultant que nous devons fuyr comme le plus dangereux rocher où nous pourrions hurter, que la rupture du dict edict ne nous soit imputée, quelque occasion que ceulx qui sont mal affectionnez au repos de ce Royaume nous en puissent donner, je vous prye vous comporter tellement que le Roy mon seigneur soit de plus en plus induict à nous continuer la bonne volonté qu’il a d’establir et conserver la paix entre ses subjects ; vous conformant entierement à ce qui est contenu dans son dict edict, sans faire ny entreprendre chose contraire à iceluy, ainsy que vous entendrés plus particulierement par le sr de Chassincourt, lequel j’envoye devers vous, accompagné d’un aultre gentil-homme de la part du dict sieur de Biron, pour informer des occasions pour lesquelles les armes ont esté reprinses, afin de donner l’ordre qu’il appartiendra pour la seureté reciproque, et cependant faire cesser et remettre au premier estat ce qui peut avoir esté alteré. A quoy je vous prie vous rendre aussy obeissans que le desir que vous devés avoir à vostre bien et repos le requiert. Et sur ce je prieray Dieu, Messrs, vous tenir en sa saincte garde. De Lectoure, ce xxvije de decembre 1577.

Vostre bien bon amy,
HENRY.
  1. « Ils firent naître aussy tost une infinité de doutes et de difficultez pour l’exécution ; et c’estoit le plaisir et l’interet de la royne mere d’avoir tousjours à tricoter avec les uns et avec les autres, pour retenir l’autorité entre ses mains, et pour faire connoistre son habileté en desbrouillant ce qu’elle mesme le plus souvent avoit brouillé. » (Mézeray, Abrégé chronologique.)