depputer commissaires pour venir faire justice exemplaire de ceulx qui sont prins, et entre aultres du sergent de Montignac qui avoit surprins la dicte ville. Laquelle j’ay remis maintenant en son premier estat. Je vouldrois bien que de toutes parts on fist de mesme, et qu’un chascun se conduisist avec la sincerité et droicture qui y est requise. Car si on ne tient la balance esgale, si on ne quicte les connivences et les dissimulations accoustumées, et si on ne se despouille de toutes aigreurs et animositez, sans tendre à aultre but qu’à un bon establissement de paix, il ne fault pas esperer qu’on en puisse jouir si promptement et heureusement comme tous les gens de bien desirent, et comme l’estat des affaires du Roy mon seigneur et le bien de son service requiert. De ma part j’ay assez clairement faict cognoistre de quel pied j’ay cheminé à la conclusion de la paix ; et depuis, toutes mes actions, si on les a bien voulu considerer, l’ont assez tesmoigné[1] ; et encores à present, ce faict en rend preuve oculaire ; de sorte que puisque personne ne peut doubter de la sincerité de mes actions, il est besoing que on s’y desporte de mesme façon. De tous costez j’ay veu plusieurs plainctes de meurdres et entreprinses faictes contre ceulx de la Religion, sans qu’on leur face administrer la justice qui est deue aux subjects du Roy mon seigneur, et au contraire on crie contre eux desespereement et les charge l’on des plus grands crimes du monde, de ce qu’ayant juste occasion de doubte et deffiance, ils pensent seulement et reguardent à leur conservation, aprés avoir esté tant de fois trompez et massacrez. S’ils remettent une ville qu’ils tenoient, en son premier estat, elle est incontinent saisie, et en sont par aprés chassez. On en fortifie plusieurs contre ce qui est porté par
- ↑ « Les diminutions de l’edict precedent furent dures à digerer ; mais le roy de Navarre avoit fait son propre du traitté, et nommé cette paix sienne, se passionnant à l’observation et contre ceux qui demandoient quelque chose de plus estendu. » (D’Aubigné, Histoire universelle, t. II, l. III, chap. XXIII.)