l’edict. On a surprins St-Anastaze[1], on a tué le baron de Fougeres[2], puis on couvre ce faict d’une querelle particuliere. Sur ceste nouvelle de la surprinse de ceste ville on a emprisonné partout ceulx de Religion, on en a tué une centaine, chascun se licenciant de ce faire sans attendre le commandement et auctorité de leurs superieurs. Je ne voy qu’on s’eschauffe pour cela d’en faire justice, ne qu’on soit prompt à en faire donner advertissement au Roy mon dict seigneur, comme on a accoustumé de faire pour la moindre faulte de ceulx la Religion. On a voulu rendre Briteste[3] ; on sçait les aucteurs et executeurs, et neantmoins on ne parle poinct d’en faire justice. Cela a donné occasion à ceulx de la Religion de prendre St-Germain ; de quoy je voy qu’on parle sans faire mention de ce qui a esté faict au dict Briteste. Je laisse trois entreprinses faictes sur Perigueux, sur la Reole et Mas de Verdun, villes de seureté[4], et comme desposts de la foy du Roy mon dict seigneur. On a taillé en pieces partie de la garnison du Mas qui s’alloit mectre dedans par le commandement de Sa Majesté :
- ↑ « Jean de Montluc, évêque de Valence, se transporta le 14 de février à Uzez, où il trouva les protestans fort animés. Le sujet de cette émotion venoit de ce que les catholiques avoient surpris depuis peu Saint-Anastase, petite place voisine de cette ville ; et les réformés étoient sur le point de se mutiner. » (De Thou, l. LXVI.)
- ↑ « Le baron de Fougères, qui en l’an 1573 avoit pris Lodève, fut meurtri à Fougères dans son château par les catholiques, et sa tête apportée à Lodève, où l’on s’en joua par les rues, comme en la prise il avoit fait de celle de Saint-Fulcrand. » (Histoire de la guerre civile en Languedoc, p. 29, dans les Pièces fugitives pour servir à l’histoire de France, t. II.) Claude de Narbonne-Caylus, baron de Fougères, de Lunas, etc. était fils de Jean de Narbonne, et avait commandé en 1575 dans les diocèses de Béziers, Lodève et Narbonne.
- ↑ Briatexte ou Briateste, dans l’ancien diocèse de Castres, aujourd’hui dans le département du Tarn.
- ↑ Le Roi avait accordé huit villes de sûreté, « parmi lesquelles, dit dom Vaissète, étoient Aigues-Mortes et Beaucaire en Languedoc, et le Mas de Verdun sur la Garonne en Guyenne. » Cette petite ville, dont les fortifications furent abattues par Louis XIII, en 1621, faisait partie du pays de Rivière-Verdun, et est aujourd’hui dans le département de Tarn-et-Garonne, arrondissement de Castel-Sarrazin. On l’appelle aussi le Mas Grenier.