Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/410

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time que vous croirez qu’il n’a pas tenu à moy, et que ceste longueur ne me doibt estre imputée. Cependant ç’a esté une rigueur qu’on a tenu en mon endroict, qu’encor que j’aye rendu tesmoignage de l’affection que j’avois de satisfaire à mes promesses, ayant rendu Cahours, Montaigu, Meaumont, St-Emilion[1], ne restant que la dicte ville de Mende, on ne m’a fait courtoysie quelconque et me retient-on toutes mes places et maisons ; lesquelles je ne suis pas asseuré qu’on me veuille rendre quand j’auray satisfaict à tout. Qui est cause, et afin que plus promptement on tienne ce qu’on m'a promis, suivant l’ordre porté par l’edict, que j’ay commandé de bien garder les villes de la conferance, et qu’on ne les rende point qu’on ne m’ayt rendu mes maisons. Ce dont je vous ay bien voulu advertir, afin que ne trouviez point estrange si on ne satisfaict si tost que pourriez demander, encore que le tems soit escheu. Lequel n’estant prefix que pour le temps aprés la restitution, d’une part et d’aultre faicte, ne doibt courir ni servir de terme aux choses qui le doibvent prendre. Je vous envoye le sr de Pansse pour vous faire entendre plus particulierement ces raisons, et vous prie de ne presser point les nostres, ains le croire de ce qu’il vous dira de ma part, de la resolution qu’avons prise en ceste assemblée ; et que n’aurez jamais personne qui vous ayme de plus grand affection que moy. Et n’estant la presente à aultre fin, je prieray Dieu vous avoir, mon Cousin, en sa tres saincte et digne garde. À Montauban, ce xxiiije jour de may 1581.


[HENRY.]
  1. Cette ville du Bordelais, alors assez importante, avait été prise par Rosny le 16 octobre 1580, et abandonnée au bout de trois jours, après un horrible pillage. Ces renseignements précis, qui complètentle récit des Œconomies royales, sont tirés de l’ouvrage intitulé : Saint-Emilion, son histoire et ses monuments, par J. Guadet. Paris, 1841, in-8o, pag. 162 et suiv.