Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/412

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support qui est en vostre pouvoir, usant pour le moins de neutralité, vous ne veuillez vous desclarer nos ennemis ou contraires. Et en toutes occasions où j’auray moyen de recognoistre ceste faveur, soit en general ou en particulier, vous me trouverez prest à m’y employer et, par tous bons et vrays offices de mutuelle amitié et correspondance, vous faire paroistre la sincere et bonne affection que j’ay en vostre endroict ; de laquelle vous pourrez disposer aultant que de prince du monde, qui prie Dieu, Messrs, vous conserver longuement et heureusement.

À Montaulban, le xxive de may 1581.


[HENRY.]



1581. — 29 mai.

Orig. – Biblioth . impér. de Saint-Pétersbourg, Ms. 913, lettre n° 52. Copie transmise par M. Allier, correspondant du ministère de l’Instruction publique.


AU ROY, MON SOUVERAIN SEIGNEUR.

Monseigneur, Le cappitaine Alphantis m’a fait entendre comme en l’année mil cinq cens soixante dix neuf, environ le mois de decembre, durant la guerre des Ragas et Carcellistes qui se faisoit en Provence[1], il eut une commission du sr de Baudiment pour dresser une compagnie de gens de pieds, ce qu’il feit ; et par le commandement du dict sr de Baudiment il se jetta dans ung couvent de Chartreux, appellé Mondrieux, lequel fut pillé de ce peu que les religieux y avoient laissé, par les soldatz, sans toutesfoys qu’il fust

  1. Mezeray appelle ces deux factions les Carcistes et les Rasas ; il en attribue l’origine au gouvernement du maréchal de Raiz, et il explique ainsi l’étymologie de ces noms : « L’une portant le nom de Carcistes, à cause que le comte de Carces, lieutenant de Roy, en estoit le chef ; l’autre, celuy de Rasas, qui s’estoient soulevez contre le mareschal, à cause qu’il les rasoit de trop pres par ses exactions. » Cette première mention des deux factions de Provence est faite dans l’Abrégé chronologique, à l’année 1574. Cinq ans plus tard, Catherine de Médicis, à l’issue de la conférence de Nérac, trouva la Provence encore troublée par ces deux factions ; les Carcistes étaient soutenus par la noblesse, et les Rasas, par le peuple et le parlement.