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ANNÉE 1568.


[1568[1] — 7 juillet.]

Orig. autographe. – Collection de M. F. Feuillet de Conches.


AU ROY MON SOUVERAIN SEIGNEUR[2].

Monseigneur, Je n’ay pas voulu tant faillir à mon debvoir, que je n’aye accompagné la despesche que la Royne ma mere vous faict par le sr de Voupilliere[3] de ceste mienne lettre, pour me ramentevoir en vostre bonne grace, et vous supplier trez humblement, Monseigneur, de vous souvenir tellement de moy, qu’encores qu’il s’en trouvast quelques-uns qui ne m’aiment pas tant que vous, qui se voulussent fonder sur mon bas aage, pour empescher que je ne sois pas tant honoré d’estre employé en la charge qu’il vous a pleu me donner au gouvernement de Guyenne[4], qu’il vous plaise ne laisser pourtant de permettre et me commander que je commence d’y vaquer[5], et entendre selon que madicte dame et mere le vous remonstre et

  1. Cette date d’année a été écrite par Godefroy sur la lettre originale qui faisait partie de ses papiers. Mademoiselle Vauvilliers, dans son Histoire de Jeanne d’Albret, nous fournit la date du mois, en nous apprenant que la reine de Navarre écrivit le 7 juillet à Charles IX pour lui proposer une paix dont elle venait d’arrêter les bases avec M. de La Mothe-Fénélon. Voy. t. II, p. 55.
  2. Charles IX (Charles - Maximilien de France), second fils de Henri II et de Catherine de Médicis, né le 27 juin 1550, roi de France le 5 décembre 1560, mort le 30 mai 1574.
  3. Antoine Martel, seigneur de la Vaupillière, fils de Charles Martel, seigneur de Bacqueville, et de Louise de Balzac d’Entragues. Il était l’un des principaux gentilshommes de Jeanne d’Albret.
  4. Le prince de Navarre était amiral de Guienne et lieutenant général pour le Roi en cette province, charges qu’avaient possédées son père et son aïeul, et dans lesquelles il leur succédait.
  5. À raison de la jeunesse du prince, les fonctions de sa charge étaient alors exercées par Blaise de Montluc, son lieutenant, qui était loin d’être de ses amis. Sa lettre ne fut d’aucun effet, puisqu’au mois de septembre fut publié l’édit qui privait de leurs charges tous les officiers de la religion protestante. « De façon, dit Legrain, que le prince de Navarre, contre lequel il ne pouvoit y avoir aucun subject de plaincte, n’estant encores qu’en l’aage de quinze ans, et n’ayant porté les armes, estoit par cet edict privé de son gouvernement de Guyenne. » (Décade contenant la vie et gestes d’Henry le Grand, l. II, p. 78.)