Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/577

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conveniendos semper existimavimus, Princeps illustrissime, apud quos primum veritas, veluti e densissimis tenebris quibus obscurata jam dudum fuit, emerserat. Cujus desiderii nostri, una cum aetate et religione, studio adolescentis, eo progressus fuerat, anno superiore, impetus, ut, ceteris omnibus posthabitis, in animum induceremus nos itineri tam longo tamque laborioso committere, nisi Deus, injecta veluti manu, nos festinantes properantesque domum revocasset. Nam cum videremus, judicarentque omnes pii, ob nostram absentiam plus detrimenti longe Ecclesias, quæ, Christi auspiciis, in Galliis sunt collectæ, passuras esse, quam peregrinatio illa nostra posset afferre commodi, paruimus virorum bonorum et prudentium consiliis, ad eaque aut sananda quæ curatione indigerent, aut confirmanda quæ la-

    ligion purifiée de toutes les superstitions, que ceux qui sont déjà étroitement réunis par la communauté de religion, le soient également par une bienveillance et une affection réciproques. Ces liens ne doivent pas être brisés par les différences d’opinions qui règnent entre les nôtres et qui restent à concilier, puisque nous sommes tous d’accord sur les principaux articles de foi, et que nous avons des ennemis communs qui nous poursuivent de leur haine. Aussi nous demandons à votre altesse que, de tout le poids de l’autorité dont elle jouit auprès des autres ordres de l’Empire, et en suivant les inspirations de sa prudence, elle veuille travailler, de tous ses efforts et de tous ses moyens, à l’établissement de la concorde et de l’unité de doctrine, les meilleures armes contre les embûches et les attaques des sectateurs de la cour de Rome. Nous avons pensé que cette demande devait être principalement adressée à votre altesse, d’abord à cause de sa puissance, qui, au milieu des autres princes, la met plus particulièrement en vue, et ensuite parce qu’il ne pouvait être douteux pour nous que le prince dans les terres duquel, comme dans un sol fertile, la pure religion a jeté ses premières racines, ne s’employât de grand cœur, et avec toute son activité, à ce qui intéresse la gloire de Dieu et le salut des Églises, et donnât ainsi aux autres princes l’exemple d’un véritable pasteur.

    Que votre altesse veuille croire à notre déférence et à notre dévouement à sa personne, et qu’elle nous regarde comme toujours prêt à la recherche et au soutien du bien public. Notre envoyé lui expliquera ce qui n’a pu trouver place dans cette lettre. Nous la prions instamment d’accorder toute foi à ses paroles. Que le Dieu tout-puissant, dans sa bonté, conserve très-longtemps en paix et en prospérité votre altesse, votre illustre maison et votre état tout entier, pour la gloire de son nom, le salut des Églises et le repos du monde chrétien.

    Nérac, le 15 des calendes d’août 1583.

    Votre bon cousin et entier ami,


    HENRY :

    L’ALLIER.